Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
79
la terreur en macédoine

bouger. Tremblants comme des feuilles, claquant des dents, ils voudraient s’abîmer sous terre.

La voix de Joannès retentit, vibrante, implacable :

« Jetez vos armes à terre !… fusils, revolvers et sabres…

« Vite et haut les mains… vous avez une seconde pour vous décider.

— Tu nous promets… la vie sauve ?… bégaye l’un d’eux.

— Sur mon salut éternel, je vous le jure…

« Mais pas de traîtrise… je veille… au moindre geste suspect, vous êtes morts !

— C’est bien, nous nous rendons. »

Ils ne se font ni prier ni attendre. En un clin d’œil tout leur armement dégringole dans l’herbe, et ils lèvent piteusement leurs mains dans une attitude effarée, d’un comique irrésistible.

« C’est parfait ! continue Joannès ; laissez vos chevaux et venez jusqu’ici. »

Avec la même docilité ; ils avancent en balbutiant :

« Ne nous tuez pas !… ne nous tuez pas !…

— Assez ! braillards !… À présent déshabillez-vous… Allons, ouste !… et plus vite que ça ! »

Sans savoir où veut en venir ce jeune homme qui sait si bien se faire obéir, ils arrachent dolman, bottes et pantalon.

« Dis-moi, Panitza, continue gravement Joannès, cela te plairait-il de te costumer en gendarme turc ?

— Tout de même !

— Et toi, Michel ?

— Oh ! moi, j’ai toujours rêvé de porter l’uniforme.

— Eh bien ! affublez-vous de ces deux défroques,

« Vite !… vite !… le temps presse. »