— À peine deux cents pas… ils nous ont vus et ils piquent droit à nous… que faut-il faire ?…
— Préparez-vous à faire feu… mais ne tirez que sur mon ordre… laissez-moi parlementer si je puis… »
Les cinq cavaliers les ont aperçus. Ils ont vu luire le canon du martini de Panitza. Flairant une embuscade, ils s’éparpillent et accoururent en rayonnant de cinq points à la fois.
Ils sont commandés par un sous-officier qui crie :
« Bas les armes ! qui êtes-vous ? que faites-vous là ? »
Joannès émerge brusquement jusqu’à mi-corps et répond :
« Nous sommes d’honnêtes gens… des laboureurs de Salco… nous poursuivons ceux qui ont emmené ma femme et mis le village à feu et à sang. »
Tous cinq se sont arrêtés pendant ce rapide colloque. Le Turc se met à rire et répond avec ironie :
« Ta femme trouvera un autre époux et se consolera… quant au village, on a bien fait de le brûler… nous y avons attrapé de la vermine…
— Faut-il l’abattre ? demande à voix basse Michel.
— Pas encore ! » répond Joannès tout pâle, les narines serrées, les yeux pleins d’éclairs.
Le sous-officier continue, de son ton insultant, après une pause :
« Pour vous, comme je vous trouve en armes, malgré les édits, je vous arrête…
— Oui, riposte amèrement Joannès, la prison et la corde, n’est-ce pas ?… pour nous, les victimes !…
— À moins que vous puissiez nous fournir un bon bacchich… une honnête rançon…
— Pas en or ni en argent, dans tous les cas, mais