— Oui, Michel, en- avant !… retrouvons notre chef…
— En avant, Panitza ! en avant ! pour sauver Joannès ou mourir avec lui ! »
Il reconnaît ses deux camarades, les fidèles amis des heures douloureuses, et un soupir gonfle sa poitrine. Leurs noms jaillissent avec attendrissement de ses lèvres.
« Michel !… Panitza !… c’est moi… votre frère d’affection et d’infortune… moi Joannès !
— Il vit ! s’écrie une voix joyeuse ; vite ! vite ! allons le rejoindre, car il doit être bien malade.
— C’est ça ! traversons la rivière. »
Quelques minutes après, les deux braves garçons, tenant à bout de bras, pour ne pas les mouiller, des carabines et des cartouchières, surgissent, ruisselants comme des dieux marins.
Au clair d’étoiles, Joannès les aperçoit et, sanglotant, la gorge serrée, leur ouvre les bras. Ils échangent une rude étreinte, et sans mot dire, ne trouvant plus de paroles pour exprimer leur joie, se mettent à gambader comme des fous.
« Frères !… chers frères !… balbutie Joannès, oh ! soyez bénis.
— Bah ! interrompt Michel, nous n’avons fait que notre devoir… et nous allions te chercher…
— Au diable ! ajoute Panitza ; c’est-à-dire jusque chez Marko.
« Car, vois-tu, nous t’appartenons corps et âme !
— Et vous couriez à la mort ! répond Joannès.
— Peut-être bien ! Mais tu nous as montré le courage et appris le devoir, et la mort ne nous fait pas peur…
« À présent, qu’allons-nous faire ?… Veux-tu retour-