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la terreur en macédoine

sort. La baïonnette mannlicher s’enfonce jusqu’à la poignée dans le poitrail de l’assassin.

« Ah ! brigand !… tu ne tueras plus ! »

Un furieux corps à corps se produit. Excités par ce pillage abominable et par ce massacre qui leur rappelle des deuils inconsolables, les Patriotes sont envahis par une véritable frénésie de meurtre. Les Albanais surpris, n’ayant à la main que leurs poignards, sont massacrés en un clin d’œil.

La sanglante exécution est si rapide que c’est à peine s’ils peuvent tenter un faux semblant de défense.

Jusqu’alors, pas un coup de feu n’a été tiré. Malheureusement, un blessé, réfugié derrière une porte, a encore la force de saisir son revolver. Il fait feu à bout portant sur un Patriote qui s’abat, le crâne fracassé.

Joannès pousse un cri de douleur et de colère. Encore une victime ! et puis la détonation va donner l’alarme !… attirer un bataillon, un régiment.

« Aux chevaux ! commande Joannès ; aux chevaux ! »

Vite on court brider les bêtes qui hennissent et s’ébrouent en flairant du sang. Puis, au moment de monter en selle, une idée vient à Joannès. Une idée simple et géniale :

« Prenez tous un manteau ! »

Chacun ramasse à la hâte un de ces vastes manteaux rouges si chers aux Albanais, et s’en couvre les épaules. C’est le meilleur déguisement pour passer.

« À cheval ! commande encore le chef qui s’élance sur un grand cheval noir, à tous crins, l’œil en feu.

En écuyer consommé, Nikéa saute sur une autre bête qui piaffe, puis retentit le cri :