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arrêter, tout le sang-froid de Joannès et toute la confiance qu’il inspire.

Il les entraîne vers le hangar, où les balles ne peuvent les atteindre, et, là leur parle rapidement à voix basse. Il a également un plan qu’il expose en quelques mots très clairs, et ses paroles sont acclamées.

« Oui ! tu as raison, Joannès !… tu es le chef !… commande… nous t’obéirons jusqu’à la mort !

— Le temps presse, mes amis… hardi !… à l’ouvrage !… hardi !… ouvrons le conduit par le puits… le travail sera plus facile… À moi de donner le premier coup de pioche.

— Non ! pas toi !… interrompit Michel.

« Tu es la pensée qui dirige… tu dois veiller… donner des ordres… À nous la tâche !

— Bien rude, cette tâche !…

— Bast ! douze ou quinze heures… et ce sera la délivrance de nos filles et de nos compagnes… le châtiment des bandits… et l’affranchissement du pays.

— Bien parlé, Michel, et à l’ouvrage ! »

Pendant ce temps, Marko prépare, lui aussi, l’exécution de son projet. Étrange et de tous points original, ce projet.

Il retire son tarbouch, sa coiffure turque, en feutre écarlate et l’aplatit sur la table. Cela fait, il arrache le poignard qui cloue à une des planches l’oreille du pauvre Grégorio. Avec la lame qui coupe comme un rasoir, il incise une bande circulaire, et large d’environ deux doigts. Il possède ainsi une sorte de collier un peu élastique et très résistant.

Il remet sur sa chevelure fauve la calotte ainsi diminuée d’un dixième et appelle :

« Hadj ! »