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parte vainqueur, bannière flottante, et en laissant derrière lui un exemple dont le pays se souvienne un demi-siècle.

Il faut donc attendre, se tenir sur la défensive et repousser, s’il y a lieu, L’assaut. Et puis, rira bien qui rira le dernier !

Marko a son plan. Un diabolique sourire contracte sa figure pendant qu’il dit à ses hommes :

« Nous allons subir un siège ! et la chose ne sera pas banale. Mais, soyez tranquilles, camarades… les morts seront vengés… oh ! terriblement, et nous serons toujours les rois de la montagne, les maîtres de la plaine. »

Aveuglés par la colère, aussi téméraires qu’ils ont été pusillanimes, les paysans se ruent contre la maison. Ils poussent des cris de fureur et brandissent leur armes primitives.

« À mort les Albanais !… à mort les voleurs !… à mort les assassins !… vengeance !… vengeance !… à mort !

— Feu ! » commande Marko en épaulant son martini.

Dix coups de carabine éclatent. Une fumée intense emplit la salle. Les bandits ont tiré de l’intérieur pour ne pas se découvrir. Les femmes affolées gémissent et sanglotent. Dans la cour où l’ouragan de plomb a passé, des corps s’abattent, culbutés en plein élan.

Qui le croirait ? Loin de briser la fougue des assaillants, cette foudroyante riposte ne fait que les exciter. « Le sang appelle le sang ! » hurle Michel jusqu’alors impassible et froid comme un homme de pierre.

Ils vont se faire massacrer follement, sans profit pour la cause sacrée qu’ils défendent. Il faut, pour les