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la terreur en macédoine.

tranchée net, au ras du poignet. Du même coup son épaule gauche est entamée jusqu’à l’os.

Malheureusement, la lame de la faux porte aussi sur le canon d’acier. Le choc est si rude qu’elle vole en éclats, pendant que le bandit pousse des hurlements affreux en agitant ses membres mutilés.

Pour un moment désarmé, Joannès laisse tomber le manche inutile et ramasse la carabine chargée, prêt à faire feu.

Ce mépris de la mort, cette intrépidité commencent à impressionner vivement les paysans. Un seul homme a osé attaquer les apôtres de Marko… ces rapaces formidables auxquels jusqu’à présent rien n’a su résister ! Cet homme vient d’en massacrer deux, et c’est un des leurs !… un Slave comme, eux !

Et Joannès, qui devine leurs pensées, qui sent leurs âmes s’ouvrir à la vaillance, leur crie de sa voix claironnante :

« Défendez-vous !… défendez vos femmes, vos filles… défendez vos demeures… En avant !… mes amis, en avant !

— Il a raison ! répond une voix… c’est bien ce qu’il dit, et c’est beau ce qu’il fait. »

Un homme se détache du groupe apeuré. Il hésite encore. Un regard de Joannès l’enhardit, un mot le décide :

« Courage, Michel !… courage… viens !… nous serons les sauveurs… c’est le devoir ! »

En même temps, et avec une vitesse foudroyante, il fait feu sur le troisième assaillant. Frappé en pleine poitrine, l’Albanais s’abat, tué tout raide, sur le coup.

« Voyez !… mais voyez donc comme c’est facile !