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la terreur en macédoine

vers… des officiers qui reçoivent des bacchichs… des soldats qui font comme eux… des âniers qui se livrent à la contrebande de guerre… des usines qui servent d’arsenaux aux rebelles… Alors, il vient, escorté d’un bataillon albanais, faire une tournée d’inspection et remonter le moral à ses troupes d’occupation.

— Ce qui veut dire : piller, brûler, massacrer !

« Mais quand vient-il ?

— Il quitte Prichtina, par chemin de fer, dans trente heures, par un train spécial qui sera à Koumanova sept ou huit heures plus tard… peut-être un peu plus ou moins…

— Oh ! peu importe !… nous l’attendrons patiemment… de jour et de nuit… car, n’est-ce pas, il ne faut pas qu’il en réchappe cette fois ! Jadis, je l’épargnai pour lui faire subir la peine du talion… la mort du père de ma chère Nikéa… C’était folie ! À la première occasion, il faut l’anéantir… Morte la bête, mort le venin !… Ce misérable est le fléau de notre race… il doit disparaître… à tout prix et par tous les moyens !

— J’en suis ! La voie du chemin de fer minée… quelques pétards de choix sur les traverses… l’étincelle électrique au bon moment… et tout saute.

« Mais, ajoute-t-il avec une sorte de gaieté nerveuse, nous bavardons comme des pies… le temps est de plus en plus précieux et il faut que je mette le feu chez moi ! ».

Tous trois pénètrent dans l’usine. Les ouvriers ont interrompu le travail au moment de l’explosion des bombes. Ils ont passé en bandoulière les deux cartouchières, insignes du combattant patriote, saisi chacun une carabine, et ils attendent, sombres et