algré leur aversion pour le sang répandu, ils iront jusqu’au bout de cette tâche formidable et sublime !
Tous trois se dirigent vers le grand hall qui précède l’usine. Alors seulement Joannès s’aperçoit que Rislog emporte ses appareils télégraphiques.
« Nous évacuons, n’est-ce pas ? dit-il tristement.
— Oui, répond Rislog, c’est la fin !
« Dans un quart d’heure l’usine sera en flammes !
— La ruine pour toi, frère !
— Bast ! un peu plus tôt… un peu plus tard !
« Et puis, brûlée par les Turcs ou flambée par nous… qu’importe !… puisqu’il le faut. Du reste, je savais à quoi m’en tenir quand je me suis donné corps et âme à la cause de la liberté !
— Ainsi, dans un quart d’heure !…
— Oui, car le temps presse…
— Sans doute ! Les soldats turcs du passage frontière, ceux du voisinage campés dans les montagnes, ceux enfin des garnisons vont accourir à marche forcée, attirés par les détonations des bombes…
— D’abord cela !
« Mais il y a quelque chose de bien plus urgent… quelque chose qui va te faire bondir…
— Dis vite !… je t’en prie… ne me fais pas languir.
— Eh bien… la dernière communication que j’ai interceptée m’apprend que… Marko arrive ! »
Brusquement, Joannès sursaute et s’écrie :
« Le misérable !… ici !… Marko ici !… oh ! sois béni, Dieu vengeur qui va nous mettre face à face !
« Mais tu ne te trompes pas, dis, frère !
— Allons donc !… c’est écrit !
« Oui, Marko le Brigand trouve que tout va ici de mal en pis… un télégraphe qui fonctionne à l’en