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la terreur en macédoine

fardeau et repartent en courant chercher une nouvelle charge de cartouches et d’armes. Il suffit de dix minutes pour faire disparaître ces munitions.

« Ouf ! c’est fait… » s’écrie avec un soupir de soulagement le vieux Timoche.

Il tire derechef sur la boucle de fer. La cuve, où bouillent tous les résidus de distillation, glisse de nouveau sur d’invisibles rouleaux. Elle reprend doucement sa place et recouvre hermétiquement cette cachette merveilleuse, introuvable.

L’ânier rabat la dalle et il ne reste plus aucune trace de ce véritable escamotage. En un clin d’œil, les hommes reprennent leur besogne habituelle ; chauffeurs, mécaniciens, distillateurs, emballeurs, verriers, coupeurs de bouchons, etc. Car on fabrique non seulement l’essence, mais encore l’eau de rose, et il y a de nombreuses manipulations.

Enfin, Timoche pousse un coup de, sifflet strident et ouvre la porte d’entrée. À ce signal bien connu, les ânes accourent, franchissent la porte, et s’en vont ; en liberté, dans la prairie, chercher une provende qu’ils ont bien gagnée. Il s’est écoulé juste un quart d’heure, depuis l’arrivée de la caravane.

Timoche et Andréino se trouvent devant un corps de logis très simple, mais spacieux, servant d’habitation au personnel. Chose bizarre, on rencontre à peine deux ou trois femmes et pas un seul enfant.

Elles sourient d’un air d’intelligence aux deux hommes qui pénètrent délibérément dans la maison.

Au moment d’entrer, Andréino fait claquer avec un geste de gamin son gros fouet de roulier, et dit à son compagnon :

« Tu sais, je ferais bien un bout de toilette. Je sou-