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la terreur en macédoine

quante mille dans celui de Monastir, quarante-cinq mille à Prichtina et quinze mille à Uskub.

Tout le ban et l’arrière-ban des Albanais, des Kourdes et des bachi-bouzouks d’Asie Mineure ont été convoqués. Tout cela pille, vole, incendie, violente et massacre par instinct et par fanatisme, on pourrait dire : par plaisir !

Et c’est Marko qui est le maître absolu, le grand chef, après le sultan, de cette brigandaille qu’il a littéralement fanatisée. Il est commissaire général des provinces, pour Sa Majesté le padischah, et son pouvoir est discrétionnaire !

Pour reconnaître son zèle et sa fermeté, pour récompenser les nombreux services qu’il a rendus, le maître lui a conféré les grades les plus hauts, les dignités les plus éclatantes. En outre, la générosité du sultan s’est manifestée sous une forme que la rapacité de Marko apprécie tout particulièrement. Le bandit a reçu une dotation de un million de piastres fortes, valant plus de deux millions de notre monnaie.

Comme le Trésor est vide, Marko prélèvera cette dotation sur ses administrés. Au lieu de deux millions, il en arrachera bien quatre, et le surplus s’en ira, sous forme de bacchich, payer des dévouements et des complicités.

Ah ! les survivants des massacres antérieurs vont en voir des cruelles ! Du reste, on annonce couramment de nouveaux pillages et de nouvelles tueries. Et cela se comprend, puisque les gouvernements laissent faire.

Cependant, un long cri de réprobation et de pitié s’est élevé dans toute l’Europe. Courageusement, la presse de tous les pays, de toutes les opinions a protesté,