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la terreur en macédoine

vée sur elle-même et mesurant environ dix centimètres. De quoi brûler dix secondes. Avec d’infinies précautions, il enlève l’amorce et dit à demi-voix :

« Dix secondes, c’est trop court !… vingt secondes même, c’est trop peu !… il faut sacrifier les trois bombes pour avoir trente centimètres et une demi-minute pour…

— Chef ! dit un homme qui accourt, les Turcs !… ils dressent les poutres et vont les descendre… avec des cordages…

« Vite ! une bombe…

— Impossible ! dit froidement Joannès en dévissant l’évent du second projectile.

— On voit d’ici le haut des madriers… déjà debout… au bord du précipice…

« Au nom du Dieu vivant !… une bombe… »

Avec ses dents, Joannès arrache le troisième évent.

Un autre guetteur arrive tout paie et pouvant à peine bégayer :

« La manœuvre est commencée… la charpente du pont descend… d’une seule pièce… Dans deux minutes… il sera trop tard…

« Une bombe !… par pitié… une bombe pour les arrêter…

— Il n’y en a plus ! mais, patience… crie Joannès d’une voix étranglée… et que personne ne bouge ! »

Il s’enfonce dans la grotte, emportant les mèches et les étoupilles, laissant là les patriotes, le laboratoire improvisé, et Nikéa qui achève tranquillement de remplir avec de la nitroglycérine deux bouteilles.

Un troisième messager arrive, porteur de nouvelles pires encore.