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la terreur en macédoine

« Il m’en faudrait dix fois plus !…

« Mon Dieu !… mon Dieu ! arriverai-je à fracasser cette paroi maudite ?… »

Un homme accourt de la redoute, en se défilant. Il crie :

« Frère ! les Turcs montent toujours… Ils sont là… Dans une demi-heure ils arriveront au précipice !

— Il faudrait les arrêter une seconde fois, répond tranquillement Michel.

— Une bombe bien placée…

— Prends garde ! interrompt Joannès ! il y a de ces choses que l’on ne recommence pas !

— As pas peur !… ça me connaît… Puis-je lancer une bombe ?

— Oui ! mais, je te le répète, prends garde. »

Michel, nanti du projectile, court à la redoute, examine par une meurtrière l’approche des brigands, et s’écrie, frémissant : « Il n’est que temps ! »

Il sort, et comme tout à l’heure, complètement à découvert, lève le bras pour lancer vigoureusement la bombe.

Une fusillade intense éclate à droite et à gauche.

« Mille tonnerres ! » hurle Michel en chancelant.

Son bras retombe, fracassé. La bombe, n’ayant pas une impulsion suffisante, s’arrête au milieu de sa course et roule dans l’abîme, où elle éclate avec un bruit formidable.

Les Turcs poussent des vociférations de triomphe, pendant que le pauvre Michel s’aplatit sur le sol et gagne en rampant l’abri formé par les rochers.

Blanc comme un linge, il revient soutenant de la main gauche son bras mutilé, d’où coule un filet de sang vermeil.