« À présent, viens donc me prendre, si tu l’oses ! »
Elle est vraiment superbe d’indignation. Le misérable, qui l’admire ainsi intrépide et résolue, riposte en ricanant :
« Une héroïne !… oui, une héroïne !… elle sera la vraie femme de brigand. »
Se sentant perdue, n’espérant plus rien, préférant à la captivité, à l’outrage, la mort libératrice, elle attaque résolument. Elle lance à la figure de Marko un vigoureux coup de revers. L’Albanais recule. Oh ! d’un seul pas, et cette retraite n’est qu’une feinte. Rompu à toutes les luttes, prévoyant toutes les surprises, il est un trop rude jouteur pour succomber ainsi, d’emblée, surtout devant une femme.
D’un mouvement sec, il rompt les attaches de son grand manteau blanc et le jette, à la volée, sur Nikéa. Le lourd tissu de laine tombe sur la pointe du kandjar. Traversé comme une toile d’araignée, il emprisonne la jeune femme comme sous un filet.
Elle se débat et sanglote, vaincue :
« Lâche !… Lâche !… oh ! je te tuerai. »
Marko triomphant étend de nouveau les mains pour saisir la jeune femme. Ses lèvres se contractent sous un rictus d’ironie, ses yeux flamboient. Il éclate de son rire cinglant comme un coup de cravache et raille :
« Rien ne peut te sauver et tu es ma prisonnière.
« Et maintenant, crie, insulte, menace, mords…
« Je ne crains rien, ni de toi ni de personne au monde !
«… Et je t’apprivoiserai, comme j’ai dompté mon léopard ! »