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la terreur en macédoine

Combien de membres rompus, de corps broyés, de chutes mortelles au fond des ravins !

Mais qu’importe à Marko ! Pour lui, le résultat est tout. Quant aux moyens, ils lui sont d’une indifférence absolue. Du reste, tous ces musulmans fanatisés par lui préviennent jusqu’à ses désirs, heureux de se vautrer dans ce sang qu’ils flairent depuis si longtemps.

Aussi, les fardeaux charriés à travers les rocs, les pics et les ravins avancent-ils sans trêve, comme ces charges énormes transportées : infatigablement par des fourmis !

C’est une lutte sans merci entre les massacreurs et les patriotes. Un duel formidable aux phases multiples et déconcertantes, sans qu’il soit possible de prévoir à qui restera la victoire…

Chez Joannès, la glycérine est prête. Mais il faut des quantités considérables d’acide azotique, et la préparation est nécessairement fort longue.

On distille sans relâche et Joannès, pour rassurer et faire patienter son monde, éprouve les produits déjà obtenus. Malgré l’imperfection des procédés, les résultats sont inouïs.

Une cuillerée à bouche de glycérine est mêlée, goutte à goutte, avec trois parties d’acide, et le tout est versé dans un demi-litre d’eau, environ, pour éviter une violente réaction.

Aussitôt, un liquide lourd, à consistance de sirop, se précipite au fond. Il suffit à Joannès de renverser l’eau qui surnage, pour obtenir une substance dont l’aspect amène sur sa figure un rapide sourire :

« Mes amis, dit-il radieux, ceci est de la nitroglycérine… c’est-à-dire de la dynamite à l’état liquide. »