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la terreur en macédoine

Ils se jettent dans la redoute sur laquelle s’aplatissent les balles et ripostent coup pour coup.

Malheureusement, les ombres de la nuit vont s’épaississant, c’est à peine si l’on distingue ces corps rampants qui se confondent avec le tronc rugueux des sapins.

« Feu ! mes amis !… Feu ! crie Joannès, et criblez le pont. »

Tirées à bout portant, les balles font un ravage affreux. À la lueur des éclairs de la poudre, on voit dégringoler lourdement, dans l’abîme qui les dévore, les bandits foudroyés.

Mais il en revient d’autres qui, avec une intrépidité digne d’une meilleure cause, envahissent le pont.

« Feu !… crie encore Joannès… Feu sans relâche !…

« Apportez les cartouches de réserve !

— J’ai prévu ton ordre, répond derrière lui une voix amie, celle du brave Michel.

« J’apporte avec Panitza une caisse de munitions.

« Ah ! bravo… nous en avons une douzaine, n’est-ce pas ?

— Oui ! et chacune renferme un millier de cartouches. »

On fait sauter le couvercle. À la lueur d’un falot que vient d’allumer Panitza, on aperçoit les douilles de cuivre empaquetées soigneusement dix par dix.

Les patriotes puisent à pleines mains dans la caisse aussitôt vide, et Joannès ajoute :

« Tirez !… tirez sans relâche !… envoyez les balles en grêle !…

« L’attaque va être broyée… oui, broyée… anéantie !

«… Michel ! une autre caisse !… »