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la terreur en macédoine

voit arriver un peloton de cavalerie, ottomane commandé par deux officiers. Il reconnaît l’uniforme des gendarmes. Ils sont bien une trentaine.

« Ah ! enfin… c’est la revanche…. »

Il va se précipiter vers eux, réclamer du secours….

Devant la maison au pillage, le peloton se met au pas. Officiers et soldats aperçoivent en même temps la bannière de Marko. Et Joannès, écœuré, furieux, entend distinctement le chef dire à son camarade :

« C’est Marko !…il n’y a rien à faire ici pour nous. »

Alors, officiers et soldats portent les armes à l’étendard, et s’éloignent, sachant bien qu’à la prochaine rencontre Marko les récompenseras généreusement, en vrai bandit !

Nikéa n’a pas eu les illusions de son jeune époux. Elle sait que le Turc et l’Albanais s’entendent comme larrons en foire et s’accordent toujours sur le dos du malheureux Slave !

Elle se dresse fièrement devant Marko, arrache les pièces d’or qui oscillent au-dessus de son front, les jette sur la table, et dit avec un mépris écrasant :

« Je te croyais brigand… tu n’es qu’un filou ! »

Marko pâlit, serre les poings, lance à l’imprudente un regard terrible et répond d’une voix sourde :

« Tu vas voir si je suis réellement un brigand ! »

Prises de peur, émues de compassion, les jeunes amies de Nikéa s’approchent à leur tour. Tremblantes, mais indignées, elles arrachent aussi de leur tête les sequins d’or, humbles bijoux séculaires légués par les aïeules !

Elles les lancent dédaigneusement à l’Albanais, et se groupent autour du vieillard, heureuses du sacriffice qui vient de le libérer.