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la terreur en macédoine

« Ne pourrions-nous pas nous arrêter ici et confier à la terre le corps de notre vaillant ami ? »

Oui ! c’est l’avis de tous. On cherche un emplacement.

À mi-côte, près d’un maigre bouquet de chênes et de châtaigniers, se trouve une faille profonde. On y descend le cadavre de Mourad, et on le recouvre de lourdes pierres en forme de tumulus.

Tous les assistants, émus jusqu’aux larmes, se découvrent et mettent un genou en terre. Et Joannès, résumant d’un mot la pensée de chacun, dit d’une voix étouffée par les sanglots :

« Adieu, Mourad… adieu, ami !

« Tu n’étais pas de notre foi… mais l’affection te fit notre frère et le dévouement est un baptême…

« Que notre Dieu te reçoive en sa miséricorde ! »

Et Nikéa ajoute :

« Adieu, frère ! ton souvenir vivra à jamais dans nos cœurs ! »

Et Soliman, la gorge serrée, les yeux humides, murmure :

« Adieu ! cher compagnon d’armes… tu as été fidèle jusqu’à la mort… je le serai aussi envers ces chrétiens qui combattent pour leur liberté ! »

Les patriotes se relèvent. Les minutes sont comptées, même celles consacrées au devoir.

« Qu’allons-nous faire ? demande le pope Athanase de cette voix brève de vrai meneur d’hommes.

— Continuer la lutte à peine commencée, répond Joannès. Prêcher la guerre sainte… et nous ravitailler en armes et en munitions.

— Bien dit !

« Mais nous allons être poursuivis à outrance, avec