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la terreur en macédoine

Marko hausse les épaules, fait attacher le drôle et s’écrie :

— À cheval et au galop sur la route de Kostendil !

« Les fantassins suivront à marche forcée. »

Marko rayonne ! Sa férocité a échoué devant la constance admirable des martyrs. Mais quelle revanche lui ménage ce concours inattendu d’un sectaire fanatique !

Une parenthèse, très brève. Une fraction de chrétiens de Macédoine obéit au patriarche grec. Une autre fraction, plus nombreuse, reconnaît la seule autorité de l’exarque bulgare. Simple question de personne, qui n’influe pas sur le fond ni même sur la forme de la croyance. Eh bien ! ces gens qui appartiennent à une même confession, comme les luthériens et les calvinistes, ces fidèles de l’Église grecque éprouvent les uns pour les autres une haine féroce.

Il faut remonter jusqu’aux époques lointaines et tragiques des guerres de religion, pour concevoir l’intensité d’une pareille aversion.

Et cette mutuelle horreur produit, surtout en temps de révolte, des représailles effroyables.

… Les troupes de Marko forment l’élite du corps d’armée, cavaliers robustes, intrépides, et dévoués à leur chef jusqu’à la mort. Chevaux kourdes infatigables et merveilleusement entraînés. Fantassins choisis parmi les montagnards albanais, coureurs d’une endurance inouïe et capables de suivre la cavalerie.

Marko fait hisser le traître sur le garrot d’un cheval et dit :

« Comment t’appelles-tu ?

— Simon, Excellence ! répond le misérable tremblant de tous ses membres.