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la terreur en macédoine

— Comment ! ce que nous comptons faire… mais courir là-bas et les arracher à la mort. »

Soliman secoue la tête et ajoute :

« Vous êtes braves et résolus !… mais trop peu nombreux.

— Avons-nous du temps ?…

— Quelques heures… ils tiendront jusqu’au jour… et encore !

— Bon ! cela suffit… tu vas voir…

« Dix hommes… et ventre à terre à Izvor, à Tabanovoe, à Susevo, à Makrès… le signal d’alarme… les troupes… le tocsin partout… retour ici… Vite, frères… vite !… ramenez tous ceux que vous pourrez… il faut vaincre ou mourir… pour la Patrie ! »

Les trente hommes jusqu’alors silencieux se lèvent en tumulte, prêts à partir.

« Non ! seulement dix ! crie avec autorité le pope.

« Les autres vont rester ici et s’apprêter pour la bataille… la première !… Pour ne pas faire de jaloux, je vais désigner au hasard, les yeux fermés, ceux qui doivent courir chercher nos frères. »

Cinq minutes après, les émissaires quittaient sans bruit le souterrain.

Chacun d’eux se munissait d’une corne de buffle, la passait en sautoir, et, sans armes, s’enfonçait dans les profondeurs mystérieuses de la crypte.

Cet asile des révoltés s’étend jusque sous les montagnes où roule comme un torrent le Lipkovo, sous-affluent du Vardar, le grand fleuve de Macédoine. Plusieurs issues, habilement dissimulées et connues des seuls révoltés, permettent d’en sortir et d’y rentrer sans être vu.

À l’autre extrémité du souterrain se trouve une