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la terreur en macédoine

— Après ce que j’ai vu… ce que j’ai souffert… Non !

— Bien ! cela, mes enfants, s’écrie Joannès, les narines dilatées, l’œil plein d’éclairs.

« Tout le monde à genoux… derrière le rempart ! »

Des clameurs sauvages retentissent dans la maison voisine.

« C’est là le danger ! ajoute le jeune chef.

« Mais nous avons de quoi répondre…

« Michel ! le panier d’oranges est en place ?

— Oui ! là… sous la voûte….. à portée de la main.

— Bon ! attention, mes enfants !… feu !… feu partout ! »

De nouveau les échelles se dressent au pied de la petite citadelle. En même temps un groupe surgit à côté sur la terrasse. Les cinq coups des martinis retentissent ! Pas une balle n’est perdue.

« Aux revolvers et ménagez vos cartouches ! » crie Joannès.

On tiraille, posément, comme à la cible ! Ah ! les braves gens ! quel calme !… quelle froide vaillance !

Hélène ramasse les fusils, les charge avec une prestesse qui l’étonne, court à chaque combattant, lui remet l’arme toute prête, va, vient, se multiplie.

Les effets de cette fusillade à bout portant sont terribles. Une seule balle traverse parfois deux et même trois hommes. Aussi de nouveau les cadavres s’amoncellent.

Mais les égorgeurs, au paroxysme de la rage, donnent leur suprême effort. Malgré ce feu d’enfer ils se hissent quand même. L’héroïque petite troupe va être débordée. Les mains ne peuvent plus étreindre les fusils brûlants.