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Membres rompus, reins cassés, yeux boursouflés, ils se tortillent en beuglant, hors de combat.

Un seul, indemne, s’agrippe au bord de la terrasse. D’un formidable coup de poing sur le crâne, Michel l’assomme et le fait rouler en bas.

Tout fier de son exploit, trouvant le mot pour rire, le brave garçon s’écrie :

« C’est ce qu’on appelle : servir de tête de Turc ! »

Et Joannès ajoute, railleur, en brandissant une casserole vide :

« Huile d’olive… première qualité… mais un peu chaude, n’est-ce pas ! »

Marko, écumant de fureur, le sang aux yeux et légèrement échaudé lui-même, hurle en montrant le poing :

« Oh ! démon… je te retrouverai tout à l’heure.

« En retraite !… mes amis, en retraite ! »

Ce n’est, hélas ! que partie remise, et pas pour longtemps.

Marko a la haine implacable. En outre il est tacticien. Ne pouvant enlever par une attaque directe la maison si bien défendue, il se dit :

« Je suis une brute ! Eh quoi !… je ne songe même pas à la maison voisine… elle est de même hauteur que cette bicoque… et possède aussi une terrasse… elles sont à six pas l’une de l’autre… je vais m’en emparer… faire monter sur la terrasse du monde en quantité… attaquer en haut et en bas à la fois…

« J’y suis !… j’y suis !… et alors à moi Joannès… à moi cette poignée de rustres qui me bravent. »

De nouveau il rallie ses malandrins, les excite et les ramène à la charge. Et tous, comme une bande de loups sur une proie, se jettent sur la maison voisine.