Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
135
la terreur en macédoine

« Je suis le prince d’Albanie, bey de Kossovo et le nouveau vali de Prichtina !…

« Soldats ! il y a pour chacun de vous une demi-bourse (50 fr. 96) comme don de joyeux avènement. »

Quelques cris de : Vive Marko ! retentissent.

« Une demi-bourse aujourd’hui, clame le bey, et une autre demi-bourse demain…

« Suivez-moi et proclamez solennellement Marko-Bey, vali de Prichtina ! »

Les cris retentissent plus vibrants, plus éclatants. L’enthousiasme va se déchaîner. Songez que ces malheureux soldats à peine nourris n’ont pas été payés depuis plus de dix mois : et que leur situation est plus pitoyable que celle des esclaves.

Ah ! ce nouveau gouverneur qui a une si fière prestance et qui paye si largement est le bienvenu.

Quant à l’ancien, il était, trop rigide et trop économe des deniers de l’État. Rien à faire avec cet ennemi né du bacchich…

Aussi, cela lui a porté malheur. La preuve, c’est qu’on vient de le décapiter et que sa tête est piquée à la pointe d’une baïonnette….

« Vive Marko !… vive Marko !… »

Le konack est enlevé sans coup férir. Ses défenseurs se mêlent au Albanais de Marko et quelques pièces d’or habilement distribuées achèvent la réussite de cet audacieux, coup de main. L’étendard de Marko est arboré à la fenêtre, près de la tête d’Omer-Pacha qui grimace hideusement :

« Vive Marko !… vive Marko !…. »

De nouvelles pièces d’or apparaissent et passent de main en main. Quelques officiers, dédaigneux, ne se rendent pas encore.