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la terreur en macédoine

engins de mort qui là-bas : sont l’apanage et l’orgueil de l’homme libre, Joannès ajoute :

« Nous nous retrouverons, n’est-ce pas ?

— J’y compte bien !… et ce jour-là tu seras pendu la tête en bas, au-dessus d’un brasier.

« Je serai le bourreau !

— Je crois plutôt que tu seras coupé en deux ; comme un bétail à la boucherie…

« Je serai l’exécuteur !

— Des mots, tout cela !

— C’est toi qui le dis…

« Mais ils deviendront des choses… des réalités…

« À présent, quelle est cette condition que tu prétends m’imposer et que je dois subir ?… car tu as pour toi la force et le nombre. »

Marko a de nouveau ce rictus qui contracte et plisse drôlement son nez en bec d’épervier.

— La folle t’a sauvé, dit-il ; eh bien ! je te la donne.

« Prends-la… emmène-la et fais-en ton épouse… je le veux… Je l’exige… »

Un tressaillement rapide secoue Joannès qui regarde interdit le bey et n’en peut croire ses oreilles.

« Tu seras obéi ! dit-il d’une voix tremblante.

— Tu le jures ?… Je veux un serment solennel…

« Par Allah !…

— Oui ! par Allah !… et la Panaggia, je le jure ! » ajoute Joannès.

Au comble de la stupéfaction, réprimant à grand-peine une formidable envie de rire, le jeune homme contemple Nikéa toujours impassible dans son rôle de démente.

« Va donc ! » fait avec un geste large Marko en désignant l’entrée de l’esplanade.