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— Ce ne serait pas une raison ; mais il y a des chances pour qu’elle parle à quelqu’un puisqu’elle devait ramener Bourroux de la gare.
— Ce neveu qu’elle n’avait jamais vu ? Mais où va-t-elle le mettre ?
— Je ne sais pas. Il doit passer quelques jours avec nous.
Je m’enfonçai avec rage sous mes couvertures. Il était plus sage de me taire que de dire tout ce qui me venait à l’esprit. Quelle idée avait eue ma femme d’inviter un individu que personne ne connaissait et que nous trouverions dans tous les coins ?
On entendit encore des pas au rez-de-chaussée. Puis un cri de Nathalie précédant à peine le fracas d’une bouteille qui se brisait.
Cela commence bien, me dis-je. Mais peut-être que je dormais déjà et que ce bruit de verre cassé, je l’avais entendu en rêve. Telle devait être au moins l’opinion de ma servante qui m’informa du même coup le lendemain, qu’elle avait le ferme espoir de garder son neveu près d’elle jusqu’à ce qu’il ait trouvé un emploi…
« Je ne savais pas qu’il pouvait naître un homme si bien, me dit-elle, de ma belle-sœur qui était si méchante. Je me suis demandé en le voyant comment j’ai pu ne pas le connaître depuis si longtemps qu’il sait où me trouver. »