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l’amour : c’est pour que mon regard me cueille sur elle. Je suis comme le flot d’azur où sa lumière se respire ; dans la beauté dont elle est parée, flotte toute ma vie, pareille à celle des oiseaux.

« Je suis entre le jour et sa clarté ; trop près de ce que j’aime, enfin, pour continuer de me connaître. J’épuise dans l’acte de voir la douceur d’exister ; comme pour être tout dans l’abîme où je tombe.

« Mais qu’est-ce que cela veut dire au juste, ajouta-t-il, je ? »

Je me souviens de la pensée qui me vint. Elle me donnait un peu de honte de mon indiscrétion :

« Il cherche encore la vérité, me disais-je, pour se cacher qu’il l’a trouvée et qu’il ne lui reste pas autre chose de l’amour. Maintenant qu’elle a pris en lui toute la place, il s’aperçoit qu’il n’y a plus à sortir de cette clarté qu’il est devenu. Le voilà entré vivant dans l’impersonnel. »