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au soin de son intérieur les heures qu’elle ne passait pas à mon service. Je fus heureusement surpris d’apprendre que ma femme avait facilité cet arrangement, c’était la première fois, depuis le commencement de sa maladie, que je la voyais comprendre un projet et en favoriser l’exécution.
La lettre de M. Sureau me déçut : Elle contenait des considérations sur la sagesse qui sonnaient faux ; des choses qu’il me disait dans un dessein précis mais dont la portée m’échappait. J’aurai résumé la première partie de cette lettre, quand j’aurai dit que pour la première fois, il m’apparut que M. Sureau était habile et qu’il cherchait à me faire jouer un rôle. Sur la deuxième page, s’étalait un précis d’un rêve que je me contentai de parcourir et dont je dois passer sous silence la partie qui n’avait pas alors attiré mes yeux :
« J’étais assis, m’écrivait-il, dans un compartiment de chemin de fer. En face de moi s’était installé un individu revêtu d’une cuirasse d’argent et barbu, en qui je ne tardai pas à reconnaître le Comte de Saint-Germain. Il a intérêt, me confie-t-il, à ce qu’on le croie mort. Et, sans un mot de commentaire, il me montra, dans le creux de sa main, des pierres précieuses : saphirs, rubis, en grains ou en grappes, dont la forme est si parfaite que la lumière s’y veloute comme sur l’épiderme des fruits. J’avais