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objets visibles et invisibles m’avaient lentement inspirées à force de partager mon attente avec moi.


Et cependant, pas plus que Monsieur Sureau, je crois, je n’avais envie d’exprimer ma véritable pensée. Et je le louais intérieurement de ne me dire que ce qu’elle sous-entendait de positif et d’étroitement conformé aux usages d’un esprit sérieux comme le mien. Ces répliques de circonstance maintenaient notre esprit ailleurs, dans un domaine que la vie ne devait nous éclairer qu’en se déchirant.


À une question que je lui avais posée un peu légèrement, il m’avait répondu : « Notre âme, c’est ce qui nous tue. » Et puis, plus lentement et avec un accent de regret : « Mon âme, c’est ce qui me tue, mais qui étant moi, ne peut que se récrier contre ma mort. »
C’est l’imminence du sort, ajoutait-il, sur un jeu de cartes étalé, l’astre d’un espace sentimental… » Il s’était interrompu.
« Un espace que la vie dévêt dans notre cœur de la diversité apportée par les ans.
« Comment ne serait-on pas la bête noire de cette clarté avec le corps qu’on a ramassé dans une flaque de sang. »