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CHAPITRE IV


Je me remis en route. Je n’en avais pas pour trois minutes de marche avant d’arriver à la porte de mon malade. La rue des Amidonniers donnait sur un boyau très étroit et empli d’une ombre glaciale où il fallait faire quelques pas avant d’enfiler une ruelle perpendiculaire et débouchant sur la place dont le pâté d’immeubles où logeait Monsieur Sureau occupait le fond. Tout ce chemin, je le fis vivement. Mon bien-être avait mis un frein à l’agitation de mes pensées. Je marchais comme si j’avais eu des ailes. Les choses me semblaient nouvelles à force de me sembler voulues. Le jour un peu ferrugineux qui les éclairait venait de mes rêves et mes rêves de lui ; et la profondeur de mes regards ne laissait aucune marge à la réflexion. Cependant, c’était comme un instant attendu que je savourais, dans la joie nouvelle de ne plus trouver de place dans ma chair que pour moi.


Le bonheur que je savourais marquait donc la fin ou le relâchement d’une inquiétude qui n’avait été