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On dut s’occuper alors de la vente du couvent des Capucins. Il est juste de dire, à la louange de la municipalité, qu’elle avait voulu sauvegarder le couvent en 1789, pour y réunir les Capucins âgés ou infirmes, comme en un lieu de retraite, et tel était bien l’esprit primitif de la loi ; mais depuis cette époque, les idées avaient marché ; les avancés avaient pris le pouvoir et ils prétendaient diriger les événements selon leurs passions. Cependant, mû par un esprit de justice, demeuré dans les délibérations, le conseil eut la pensée d’en faire un hôpital. « Rien ne nous empêche d’acquérir cette maison et de la rendre utile à nos concitoyens et aux municipalités voisines. On pourrait en faire une manufacture, où dans les saisons mortes de l’année le peuple pourrait trouver du travail. »

Il y a encore le projet d’y transporter l’hôpital, « celui qui existe n’est pas logeable. La situation au nord en rend le local sain. Avec un peu d’aménagement on pourrait y loger plus de 10 malades ; vous leur imposerez les fonds de l’hôpital ; vous vous imposerez s’il le faut, une somme pour y entretenir 3 sœurs grises, qui veilleront sur les malades et à l’éducation de vos filles. Vous ne serez pas grevés ; vous pourriez vendre la chapelle des Pénitents et recevoir en échange la chapelle des ci-devant Capucins. Le district de Béziers vous y autorisera. » L’adjudication fut fixée au 4 juillet 1791, le conseil général nomma le maire et Barthélémy d’Estève pour faire cette acquisition avec le procureur de la commune, s’en rapportant à leur sagesse et à leur prudence pour la fixation du prix. Les bâtiments furent évalués à 14.999 frs qu’on jugea exorbitants. Personne ne se présentant, le citoyen Guinard de Pomérols les acquit pour 12.999, le 13 messidor, puis les céda à la commune pour le même prix. Plus tard, ils furent achetés par la famille d’Estève qui les possède encore, après avoir mis la chapelle à la disposition du clergé.

En attendant, les bâtiments et le jardin des capucins avaient été confiés à un fermier, et le cheval du couvent mis en fourrière. Or, ce cheval appartenait à la nation et devait être vendu le vendredi d’après, au marché ; mais au matin on trouva le cheval de la nation, qui ne faisait de mal à personne, saigné avec un couteau à la jugulaire. Le conseil municipal est indigné et dit dans sa délibération, une telle action mérite toute la rigueur des lois. Il paraît que le coupable était entré par le mur du jardin : il demeura introuvable. Après les immeubles, les meubles. Le district de Béziers demande que les cloches des églises supprimées seront mises à la fonte pour le monnayage de billon qui doit être fabriqué. Les trois cloches que nous avons, pour le service de la paroisse sont cassées ; on pourrait les échanger contre trois autres de même poids. J’ai échangé dit le maire, la mandarelle et gardé la cloche des capucins. Les cloches cassées furent portées à la Bégude pour être envoyées au lieu de leur destination.