Page:Bousquet - Histoire de Servian, 1925.djvu/85

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 74 —

des menaces contre lui et contre son frère. Le Directoire, informé, prit parti pour Bournhonet. Pour parer aux abus, Servian fut mis en état de siège et condamné à recevoir cent hommes, à les héberger et les nourrir. Et la Révolution avait supprimé le droit de gîte !

« Considérant que les communes de Saint-Gervais et de Servian sont continuellement agitées, remplies d’individus tels qu’émigrés et prêtres réfractaires, qu’ils soufflent le fanatisme et la discorde parmi les habitants faibles et crédules, qui leur donnent un asile, en quelque sorte inaccessible, qu’il faut atteindre les ennemis de la chose publique, les communes de Saint-Gervais et de Servian seront, sur le champ, mises en état de siège…

« Le détachement de la 74e brigade, qui tenait Lunas en état de siège, se transportera à Servian pour le même objet ».

La municipalité protesta contre ces mesures vexatoires, que rien ne justifiait, et demanda au Directoire la fermeture de la Société populaire, présidée par Bournhonet : « Elle est composée de buveurs de sang, de Jacobins qui veulent faire de la République un vaste tombeau pour y ensevelir tous ceux qui aiment la justice et la vertu ». Délibération.

Mais on en voulait, en haut lieu, à la municipalité de Servian, fidèle aux principes religieux et, malgré tout, à ses traditions.

Le 28 vendémiaire an VI, le Directoire de Montpellier, considérant que le canton de Servian est l’asile de prêtres réfractaires, que leur culte y est exercé au vu et au su de l’administration municipale, qui n’a jamais pris une mesure pour s’y opposer, que plusieurs administrateurs de ce canton favorisent ouvertement les ennemis de la chose publique, relève de leurs fonctions l’agent municipal de Servian, Vivarel, Estève, président, et Aiguesvives, adjoint. Ils seront remplacés par Laborde, Gabriel Bournhonet, Madaille et Bellonet. Le Directoire fait cependant une exception pour les communes de Bassan, de Montblanc, d’Abeilhan « dont les principes civiques n’ont jamais varié ».

Le nouveau Conseil redouble de surveillance contre les prêtres ; on prétend qu’un certain nombre d’entre eux se cachent au château de Cazillac. On monte la garde toute la nuit et l’on s’en retourne à Servian, à 5 heures du matin, sans avoir rien découvert.

On recherche les personnes suspectes d’incivisme ; on fait renouveler les serments. Un nommé Roulendes est sommé de prêter le serment ; au lieu d’élever la main, il l’a portée à son derrière. Il a crié en plein Conseil qu’il était assassiné ; il est dénoncé à l’accusateur public, à Béziers. Jean Arnaud, instituteur, a porté une accusation liberticide contre le Conseil général de la commune ; on le suspend provisoirement de sa fonction. À cette liste, on ajoute Jacques Plauzolles, Lauriol aîné, Antoine Aubagnac, Pierre Bousquet, qui ont adressé au représentant du peuple « que cette com-