Page:Bousquet - Histoire de Servian, 1925.djvu/83

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 72 —

commune, Canet, qui jouit de l’estime générale, se mit à la tête de volontaires destinés à repousser les rebelles qui fondent sur le territoire, venant de Murviel.

En même temps, les réquisitions se faisaient sur tout le territoire ; Servian fut taxé en 1794, pour 30 quintaux d’huile, 100 muids de vin blanc, 115 setiers d’eau-de-vie, 40 muids de vin rouge. Or, cette année vit une grande inondation emporter les chaussées des rivières, les pierres du moulin du Coussat, rendre les chemins impraticables. La récolte avait été bien réduite. Tout manquait : charrettes, chevaux, mulets ; tout avait été réquisitionné. Le citoyen Mazel fils reçut un passeport l’autorisant à aller à Genève pour achat de comestibles de première nécessité.

Cependant, afin de ne pas laisser périr les récoltes, les citoyens valides se firent inscrire à la mairie pour travailler dans les champs des citoyens mobilisés. Mais, pratiquement, la politique s’immisça en cela et l’arbitraire présida aux travaux ; des plaintes se firent entendre, mais inutilement.

La levée en masse avait mobilisé les corps de métiers « qui travaillent exclusivement pour les militaires ; les cordonniers de la république fabriquent des souliers de la même forme Cavalié, Cèbe, Cruzet et Martin se mirent à l’œuvre ». Ier nivôse.

La Bégude de Jory, relais de poste dirigé par Mazel, est transformée en fabrique de salpêtre ; le couvent des Capucins en atelier de baïonnettes. Un citoyen est-il condamné à une peine, il fait une journée de travail dans les ateliers nationaux. Ainsi, le 3 floréal, le sieur Louis Bousquet, parent d’émigrés, est condamné à faire des baïonnettes dans la chapelle des Capucins. Les farines manquant, les habitants furent taxés à 50 livres par mois, les boulangers fermèrent leurs boutiques pendant trois mois.

On ne cesse de se plaindre « de la conduite arbitraire du Directoire du District à l’égard des habitants de cette commune, de la part des sociétés montées contre la municipalité, surtout des Amis de la Constitution ».