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Pour quelques prêtres qui prêtèrent le serment, le plus grand nombre demeura fidèle à l’Église, préférant l’exil à la trahison. Nous avons déjà vu l’abbé Augié, curé de Servian, et son vicaire Vabre, partir pour l’exil.

L’abbé Espic se distingua par son zèle. Nommé curé de Servian en 1804, le 15 mars ; il mourut en 1805, le 15 avril, âgé de 68 ans ; plus usé par l’exil que par le ministère. Il est enseveli dans les fonds baptismaux, sous l’ancienne porte d’entrée de l’église, comme le demande son testament. Il avait laissé 50 francs de rentes aux pauvres ; lors de la séparation, le bureau de bienfaisance s’est attribué cette somme et doit la répartir chaque année, aux nécessiteux de Servian.

La plupart des prêtres du voisinage durent comparaître devant le Directoire de Servian ; ce furent, d’après la liste conservée dans nos registres :

Alexis Coste, curé d’Abeilhan, déporté à Nice sur la tartane de Pailloux, d’Agde ; Barre, curé de Coulobres, eut le même sort, ainsi que Villebrun, curé de Bassan ; Belmont, curé de Thézan, avait été exilé à Bologne, il revint se cacher à Servian pour y exercer son ministère. Dénoncé le 9 vendémiaire, an VI, il reçut un passeport pour l’Espagne, fut arrêté à Montpellier et emprisonné ; plus tard, il devint curé de Lignan. Alexis Bellonet fut déporté en Espagne ; le Concordat le nomma curé de Valros ; Saint-Peyre était son domaine.

Les deux frères Bousquet, de Saint-Adrien, Joseph et Louis, bénédictins, furent exilés à Bologne ; Joseph revint et, quoique aveugle, il remplit le rôle de vicaire de Servian. Pierre Boyer, curé de Corneilhan, reçut à Servian, le 9 vendémiaire, an VI, un passeport pour l’Espagne. Au retour, il devint curé de Portiragne. L’abbé Arnal, dont le nom est resté en vénération à Servian, était alors curé d’Alignan ; déporté à Nice sur la tartane de Pailloux, d’Agde, il revint sous un déguisement ; il fut dénoncé au Directoire. « Ce scélérat prêche la résistance aux lois. Sa résidence n’est fixée nulle part ; la plupart des citoyens sont fanatisés par lui. Lunas, Alignan, Servian sont ses champs d’action ». Reg. 1795.

Jacques Tindel, bénéficier de Saint-Nazaire, malgré sa jeunesse, fut exilé en Espagne. Comme on peut en juger par cette courte énumération, les libéraux prodiguaient avec libéralité les sentences d’exil aux meilleurs citoyens du pays.

Les registres de l’Évêché, consultés par M. le chanoine Saurel, ajoutent à ces noms ceux de Roque et de Combal, comme originaires de Servian et exilés pour leur foi.

Nos renseignements sont très abondants sur les Capucins de Servian, grâce aux travaux du P. Apollinaire.

Au moment de la tourmente révolutionnaire, le monastère de