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Combas. Deux faits confirment notre opinion. Une stèle funéraire découverte sur les bords de la Tongue en 1885 porte cette inscription :


Quo fratres Campanus et Restitutus
In Aqua Periisse In Unum


Deux Frères, Campanus et Restitutus
ont péri ensemble dans les eaux


Cet accident est-il dû à une inondation brusque de la Tongue comme il arrive quelquefois ? ou bien les deux frères se sont-ils noyés en se baignant ? On ne sait. Quoi qu’il en soit, les noms bien latins de Campanus et Restitutus prouvent la présence de Gallos Romains en ce lieu à cette époque reculée. D’après M. Bonnet, la forme des lettres et le caractère de l’inscription indiquent le premier siècle de notre ère. Cette stèle est conservée au Musée lapidaire de Béziers.

Non loin de Combas, à Alignan-du-Vent, en 1834, M. Eustache découvrit une amphore avec une inscription latine et des monnaies romaines à l’effigie d’Auguste, d’Agrippa et de Claude ; donc du premier siècle, l’existence de villas romaines est donc un fait incontestable sur le territoire de Servian. Un vieux nom pourrait rappeler ce souvenir : La Boutugade ne rappellerait-elle pas le haras boum tugurium ! Ce lieu est situé à l’entrée du terroir de Saint-Saturnin. Or, à côté de Pouzac, s’élevait un édicule de forme octogonale dédié à Saturne et que les chrétiens consacrèrent à saint Saturnin. Quelques sarcophages débordent encore du tumulus et une tête de marbre blanc, débris d’une statue disparue, est vénérée par le peuple sous le nom de saint Saturnin. Cette tête ornée de l’infula rappelle par la perfection de sa forme et par l’arrangement des cheveux, le deuxième où le troisième siècle. Il y avait donc une population gallo romaine le long de la Tongue.

Au VIe siècle, nous trouvons les Wisigoths établis en Septimanie. Tour à tour, Pépin le Bref, en 752 ; Charlemagne en 780, accordent à ces réfugiés d’Espagne, les terres abandonnées pour les défricher loca deserta, et en 812, ils se félicitent de la fidélité de ces peuples. Charles le Chauve renouvelle les libéralités de son père : ces nouveaux venus ont su rendre habitables des villas changées en déserts ; villas defructices et deserti squalore, habitabiles.

En 881, Carloman, pour récompenser un de ces sujets fidèles, lui concède en toute propriété, à lui et à ses héritiers, la villa d’Aspiran, au territoire de Lignan. D’après l’opinion de M. Bonnet, et le Bulletin de la Société Archéologique, l’église de Saint-Félix de