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Cependant la paroisse était considérée comme vacante. Elle obtint de Pouderous, évêque intrus de Béziers, d’élire un curé. Or, parmi les prêtres originaires de Servian, deux ambitionnèrent le poste ; c’étaient Aiguesvives, capucin, et Plauzolles, curé de Margon. Pouderous envoya au maire le titre d’Aiguesvives. Il fut décidé que l’on installerait le nouveau curé le jour de la première communion. Les officiers municipaux accompagnèrent l’élu à l’église, reçurent son serment de fidélité à la Constitution et la Messe commença. Mais les Serviannais ne furent pas d’avis de recevoir un curé intrus et assermenté. La cérémonie fut troublée par des cris, des sifflements, des gestes grotesques. Vainement le maire pria les jeunes gens de se taire ; les cris redoublèrent. Le maire fit arrêter un des mutins et mener à Pézenas sous bonne garde. Il n’était qu’au commencement de ses déboires. Aiguesvives se plaignit au Directoire que le maire ne l’avait pas soutenu ; la municipalité reçut une verte admonestation, comme manquant de civisme. Ce qui lui fut très sensible. On menaça même de supprimer le bureau d’enregistrement ; « or, cette commune a bien mérité d’avoir ce bureau, soit par son civisme et par sa position géographique et la multiplicité des affaires qui s’y traitent ». 7 août.

Pendant ce temps, le public discutait les mérites des candidats ; les femmes s’en mêlaient, au Puits-Neuf, à l’heure de midi, en allant prendre l’eau fraîche pour le repas. Les délibérations sont remplies de ces faits. On s’injuriait, on se menaçait : « Viro lo à la lanterne ». La municipalité défend ces propos, et pour faire un exemple, condamne Roulendes et Farrand à trois jours de prison, comme meneurs…

L’évêque de Béziers voulant en finir avec ces troubles, ne maintint pas la nomination d’Aiguesvives et convoqua à Saint-Nazaire de Béziers le collège électoral de Servian pour élire un curé.

Le 26 septembre 1792, la séance s’ouvrit à Saint-Nazaire : un prêtre de Carcassonne, nommé Béziat, se présenta, on vota ; soixante électeurs votèrent pour lui, il fut élu curé de Servian. Pouderous lui donna l’institution canonique et reçut son serment : « Je jure d’entretenir la légalité et la liberté ou de mourir en les défendant ». Le nouveau curé assermenté ne fut pas reçu mieux que l’autre. Il fut installé le 22 février, à 8 heures. La veille, on trouva affiché sur la porte de l’église des papiers en forme de potences ; il y en avait sur la chaire, à la sacristie, au confessionnal. Quelques Serviannais se firent remarquer pour leur fidélité au clergé catholique et par leur opposition au schismatique : c’étaient Guillaume Farrand, Turriès dit Fillou, Louis Arnaud, Maffre de la Baume et un nommé Maurel qui tenait contre le curé « des propos indécents ». Le maire cite ces faits, mais il ne put rien contre les fidèles Serviannais. Le curé dut céder à l’orage, il quitta