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les rues soit le jour ; soit la nuit avec un masque devant le visage, sous peine de 24 livres d’amende. » Un nommé Monier ayant chanté dans les rues après minuit, fut envoyé sous bonne garde à la prison de Pézénas, où il resta 3 jours. Délibérations 1790, mars.

Servian se conforma aussitôt aux décrets de l’Assemblée constituante, suppression de l’albergue royale ; il fallut se conformer à la nouvelle loi des impôts ; les dîmes étant supprimées, les fermiers des dîmes se présentèrent pour être déchargés de leurs fonctions. Taix, fermier des droits de Mgr l’évêque de Béziers, des prieurés de Combas et de Saint-André ; Aiguesvives, de la prémice de Pouzagol, de la chapelle de Saint-Saturnin ; Lauriol et Jacques Plauzoles, des dîmes du prieuré de Servian et de la chapelle du chapitre de Saint-Nazaire.

L’article 62 du décret, modifiait cet état de choses et troublait les habitudes des populations en réclamant les impôts, non en nature, mais au sol la livre. Les décimateurs se réunirent et exposèrent leurs difficultés ; ils veulent montrer leur patriotisme et se démettent volontairement, en faveur de la commune, des droits et dîmes qu’ils devaient percevoir, et qui s’élèvent à 4.000 livres, demandant que les habitants les payent au sol la livre, ainsi il y aura plus d’équité. L’impôt du citoyen actif est fixé à trois journées, non sur un travail d’industrie, trop variable, mais sur le travail de la terre, fixé à 20 sols.

Les citoyens, invités à payer leurs contributions mobiliaires, ont prétendu être grevés. Le maire, après avoir étudié la chose en plein conseil, dit que la commune éprouve une surcharge de 4.326 livres, 11 sols, 8 deniers. On s’adressera au Directoire de Béziers. Si l’on ne reconnaît pas la justice de cette réclamation, on demandera un dégrèvement. 10 mai 1792.

L’assiette des nouveaux impôts n’allait pas sans difficulté. On nomma pour répartiteurs Aiguesvives, Giret, Higounenc et Gaches. Cependant il faut maintenir le droit des pauvres ; un sol très ingrat, une population très considérable nous donne un grand nombre de pauvres ; nos chemins sont affreux, nos denrées se vendent beaucoup moins que partout ailleurs, par la difficulté du transport. 10 juin 1792.

Un peu plus tard, la difficulté d’établir l’assiette de l’impôt forcera la commune à faire appel à des spécialistes, et nous verrons arriver à Servian les familles Lauriol, Canet et Tarboriech chargées des finances.

L’Assemblée nationale avait, le 13 février 1790, supprimé les vœux religieux et aboli les Congrégations. Mais elle avait statué « qu’il serait indiqué des maisons où se retireraient les religieux qui ne voudraient pas renoncer à la vie commune ».

Or, les cahiers de bien des paroisses avaient demandé le maintien de leurs religieux, surtout des Capucins, très populaires en France ;