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Ils éviteront de léser la justice, de fréquenter les lieux mal famés. Les associés sont de véritables frères qui s’entr’aident dans leurs malheurs, se visitent dans leurs maladies, se secourent dans l’indigence, accompagnent au cimetière leurs défunts. C’est le grand honneur de l’Église d’avoir par ses associations préludé aux Sociétés de secours mutuels. De nos jours, on copie, en les démarquant, ces institutions bienfaisantes ; on se plaint que l’Église ait fait si peu pour les pauvres dans le passé, oubliant volontairement qu’elle fut l’initiatrice de ces œuvres.

À toute Société il faut une sanction pour ramener au devoir ceux qui s’en écartent. Une amende d’une livre de cire est infligée au Pénitent de Servian qui manque l’office du dimanche ou qui n’assiste pas aux funérailles d’un frère. Il y a là un trait de mœurs que les siècles n’ont pu effacer. De nos jours, à Servian, comme autrefois, les associés d’œuvres diverses se montrent peu assidus aux réunions, au point qu’il est permis de se demander si telle œuvre existe en réalité ou s’il suffit, pour en faire partie, d’être inscrit sur un registre.

La Compagnie fut fondée en 1599, mais les premiers statuts datent de 1600. Ils furent approuvés par l’évêque de Béziers, Jean de Bonsi, dans une tournée pastorale à Servian, le 7 mars 1605. Plus tard, Clément de Bonsi les confirma dans sa visite pastorale à Servian, le 18 septembre 1635. Le registre porte la signature de ces deux prélats.

Cependant la Confrérie avait acquis une chapelle dans les ruines de l’ancien château-fort de Servian. On sait que ce château fut ruiné par Simon de Montfort, en 1209, et qu’il dut être abandonné par le seigneur de Servian devenu le vassal du conquérant. En souvenir de l’hérésie albigeoise, ces ruines mêmes étaient désignées d’un nom méprisant, on les appelait : « Bulgro-mile le chasteon  » (Registre des Pénitents. Le château du chevalier Bulgare[1]).

Les Pénitents achetèrent les ruines de l’ancienne chapelle pour 400 livres. La chapelle fut vite restaurée et le troisième dimanche de carême de 1600, les Pénitents en prirent solennellement possession. L’évêque de Béziers avait envoyé pour le représenter son vicaire général, messire Fabry.

On organisa une grande procession autour de la ville. Le vicaire général bénit la chapelle, puis baptisa la cloche du nom de Catherine[2] « et le dimanche d’après a sonné au clocher de la chapelle ».

La Confrérie établie, on dut procéder à la nomination des pre-

  1. On sait que les Albigeois sont désignés sous le nom de Boulgres, Bulgri dans les écrits du temps.
  2. Catherine Grougnios en fut la donatrice.