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XIVe siècle et revêtit les proportions actuelles. Or, c’était le moment où le style ogival apparaissait dans le Midi ; l’église fut achevée dans ce style.

Il fallut exhausser les murailles ; on aperçoit encore le ressaut des murs sur lesquels reposent les voûtes. Les contreforts furent élevés pour les supporter, on les utilisa en se servant des piliers énormes où on établit les chapelles des bas côtés. Au-dessus on ouvrit de grandes fenêtres pour éclairer l’édifice. La voûte est en croisée d’ogives et forme trois travées. Est-ce un défaut de l’ouvrier qui voulut profiter d’un cordon existant ? toujours est-il que les retombées des voûtes ne sont pas égales. Tandis que du côté de l’épître la voûte retombe sur les bords du pilier (heureusement dissimulé par la chaire), la voûte du côté de l’évangile retombe au milieu du pilier. Les croisées des voûtes portent des motifs d’architecture difficiles à lire à cette hauteur. Cependant on déchiffre parfaitement, par un temps clair le motif central, le cerf, les armoiries de Servian. Les retombées des voûtes sont ornées de chapiteaux. Ceux qui étaient sculptés à l’entrée de l’ancien chœur présentent une tête couronnée, roi et reine, sans doute contemporains de la seconde restauration de l’édifice. Un visiteur crut reconnaître le portrait d’un des Valois ; l’iconographie semblerait lui donner raison et dans ce cas nous aurions la date de la construction de l’église. L’agrandissement de la commune eut lieu en 1343. Quoi d’étonnant que nos pères aient sculpté la tête du roi en reconnaissance de ce grand bienfait ?

Le beffroi comme on peut le constater par l’étude de l’appareil est postérieur à l’édifice ; il mesure 33 mètres de sa base au clocher et se termine par une terrasse entourée d’une balustrade en pierres richement sculptées sous lesquelles s’enfuyent huit chimères en forme de gargouilles. La tour possède deux cloches bien sonores et un gracieux carillon. L’horloge primitif date de l’an 1669 comme on peut le lire sur une pierre encastrée dans la tour. Le support de l’horloge, en fer forgé est l’œuvre de Jacques Albe, maistre serrurier de Servian. On signale encore une cloche que l’on retrouve dans toute la région sous le nom de Mandarelle ; elle servait à annoncer aux fidèles dispersés dans les champs le moment de l’élévation et de la bénédiction du Saint-Sacrement pour les inviter à s’unir à la prière de l’église. La cloche qui sonne les heures au clocher fut remplacée et baptisée le 15 avril 1816, par M. Arnal, curé ; elle s’appelle Louise-Adrienne et fut donnée par Henri de Barrès qui en fut le parrain avec sa cousine Adrienne Bousquet pour marraine. Le bon curé ajoute dans le Registre « servira comme un monument de notre délivrance et en mémoire du bonheur que nous avons d’avoir recouvré Louis le Désiré, et servira cette cloche de timbre à l’horloge ».

Selon l’usage du temps, la porte de l’église s’ouvrait sur le côté