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habitants, de leur côté, tiendront ce qu’ils ont fait, dit, agi, comme fait par eux-mêmes. Les consuls promettent de remplir leur office de consuls gratuitement, pour l’utilité du roi et des habitants, d’éviter les dépenses inutiles, et ils le jurent sur le saint Évangile ». Les témoins de cet acte furent Guillaume de Crozals-le-Vieux, Cauci, Raymond de Carcassonne. Le notaire ajoute : « Fait par moi, Pierre Comenas, notaire royal de Servian ».

Les assemblées de la commune se tenaient sur la Place, souvenir du Forum romain. En hiver, nos pères se réunissaient au four banal. Plus tard, les habitants bâtirent leur maison commune au-dessus de la Poissonnerie. On voit encore autour de cette place les arceaux murés, mais conservés, d’autres ont été entourés de maçonnerie pour pouvoir être utilisés par les propriétaires. À l’étage supérieur, sur le bord, un cordon de pierre se termine par un singe, finement sculpté. Est-ce une fantaisie de l’artiste, un symbole où une armoirie ? On ne sait. En visitant attentivement ces maisons, on retrouve à l’intérieur des traces d’ogives. On sait que nos pères recherchaient la splendeur dans les édifices municipaux.

Les assemblées se tenaient à deux degrés : d’ordinaire, les consuls convoquaient les bourgeois, burgenses. Pour les affaires plus importantes, tous les citoyens étaient appelés en une sorte de conseil général universitas burgensium. Les discussions se poursuivaient librement et les votes à mains levées. Les délibérations étaient consignées sur parchemin par les notaires royaux et conservées dans le Beffroi, en une salle qui porte encore le nom d’ « archives ». À en juger par les nombreuses pièces de parchemins que nous possédons, on doit conclure que les assemblées de Servian furent tenues par des citoyens intelligents, jaloux de leurs droits et de la bonne gestion de la chose publique.

L’année 1344 vit la commune prendre en accapte le bien des anciens Seigneurs et partager la propriété à l’ensemble des habitants.

Amelius d’Aiguesvives ne tint pas à garder le bien que son ancêtre Guillaume avait reçu du roi. Trouva-t-il la charge trop lourde ? On peut le conjecturer du retard qu’il mit à payer les censives annuelles. Il passa ses titres d’accapte à la commune.

Le 12 novembre 1344, le bailli Jean de Crozals avec les consuls réunirent le peuple sur la place. Les habitants consultés donnèrent mission à leurs consuls de faire l’achat du bien d’Estève, au plus juste prix, et s’engagèrent à payer un cens annuel de 150 livres tournois. Les bourgeois s’inscrivirent chacun pour une somme déterminée et se partagèrent la propriété. Il peut être intéressant de citer les noms des principaux citoyens qui contribuèrent à ce grand acte d’où est partie la prospérité de Servian.