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les pauvres, montant sur un chameau, ils font 12 settiers de froment qu’ils mettent en pain et le donnent à tous les pauvres du lieu afin qu’ils prient Dieu pour l’état du roi et de ses habitants.

Les habitants de Servian et les consuls ont le droit de mesurer l’huile et le vin, les poids pour les denrées. Ces mesures sont conservées dans les caves qui entourent la place publique à la poissonnerie. Ils ont aussi le droit de pâturages, prendre le bois de la garrigue pour leur usage et chauffage, le droit de pêcher et de chasser dans toute la juridiction de Servian. Ils ont la liberté de nommer des consuls le jour de la Pentecôte et des estimiers (experts), bandiers (gardes-forestiers), en la fête de la Toussaint, et après les présenter au bailli pour le roi, afin de prendre le serment de bien user et exercer leur office comme leurs prédécesseurs.

Les consuls tiennent le château du roi qui leur a été vendu par feu sieur Dalery, lieutenant du roi en Languedoc, pour faire la maison commune à albergue de 2 livres, payable le jour de saint Michel. Cette albergue fut payée jusqu’à la révolution, elle figure dans tous les anciens budgets.

La guerre contre les Anglais était ruineuse pour la France. Les rois demandaient sans cesse des subsides à leurs peuples. Il fallait, en outre, chasser les grandes Compagnies dont les déprédations ruinaient l’agriculture, surtout dans le Languedoc. En 1362, Henri de Transtamare proposa d’emmener ces Compagnies contre Pierre le Cruel, roi de Castille. On accéda à son désir et comme payement de ce bienfait, le roi assigna à Henri divers châteaux du Languedoc, entre autres le bourg fortifié et le château de Servian. Ce prince ne garda pas longtemps cette seigneurie. Il combattit contre Pierre le Cruel, mais celui-ci, soutenu par le prince de Galles, le battit à Navarrette, le 3 avril 1367.

Henri se réfugia dans son château de Cessenon. Il avait perdu sa fortune ; pour se refaire, il vendit au roi de France ses châteaux de Cessenon, de Servian et de Thézan, pour 27.000 francs d’or. Ancel Chotard, conseiller du roi, et Jean de Beuil, chevalier, chambellan du duc d’Anjou, commis par ces deux princes, passèrent le contrat au château de Servian, où Henri, roi de Castille, couchait le 2 juin 1367. Jeanne de Castille ratifia cet acte à Thézan, le 27 juin 1367. Servian revenait encore au roi de France.

Peu à peu, le roi rentre en possession des fiefs qui avaient été distraits de la couronne par le malheur des temps. Ainsi, il recouvre à Servian le domaine cédé en 1359 en emphytéose à Guiraud Jourdan et ce bien fut cédé aux consuls de Servian, le 14 juin 1376, à Nimes, au nom du roi. En 1396, le roi reprend les biens de Fabre de Servian, tout en garantissant les droits, usages et immunités de Servian.

Enfin, en 1426, le 25 juin, les consuls, au nom du Conseil général de Servian, payent les redevances et obtiennent les libertés