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avec charge héréditaire pour percevoir les revenus du domaine royal, avec pouvoir de vendre ou de louer ; ces officiers eurent souvent le titre de châtelains, dans les anciens fiefs. En décembre 1257, le sénéchal Pierre d’Auteuil nomma à Servian, pour y lever les redevances royales, Guillaume d’Aiguesvives. C’est pour la première fois que ce nom paraît dans les parchemins de Servian. On lit, en effet, dans le Cartulaire : « Louis, par la grâce de Dieu roi de France, sachent tous présents et à venir que nous avons approuvé les lettres de notre sénéchal de Carcassonne ; nous, Pierre d’Auteuil, chevalier, sénéchal de Carcassonne, nous donnons et concédons en à-capte à Guillaume d’Aiguesvives, sergent d’armes de notre roi et châtelain de Servian, serviens armorum et castellanus de Cerviano, et aux siens, tout le bois de Servian qui appartenait autrefois à Estève de Cervian et qui est possédé aujourd’hui par notre roi, ainsi que les pâturages que le roi possède dans le pays de Servian avec le four de Servian en à capte proprement dite. Guillaume d’Aiguesvives payera au roi, comme redevance annuelle, 172 livres pour le bois à la fête de Saint-Nazaire ; 173 sestiers de froment à la mesure de Servian, et pour l’usage du four, 25 livres tournois en la fête de Saint-André ; 12 livres tournois pour les autres dépendances en à-capte. Fait à Dordum, 1257, au mois de décembre. Actum apud Dordum anno 1257 mense decembris. »

Suit l’énumération des droits concédés à Aiguesvives et qui serviront de base à une étude particulière.

D’où sortait la famille d’Aiguesvives ? Certainement de Servian, car on trouve ce nom dans les environs. Entre le « Rouire » et la « Barrière » existent encore les ruines d’une chapelle marquée par deux croix et qui a gardé le nom de Saint-André d’Aiguesvives, à cause du voisinage d’une source d’eau excellente qui ne tarit pas, même dans les périodes de grande sécheresse. La famille a pu prendre de là son nom. Un document de la bibliothèque nationale, publié par Dom Vaissette, nous présente Guillaume d’Aiguesvives garsifer vel trotterius de Guillaume de Lodève. Or, d’après Ducange, le mot garsifer indique un serviteur de l’armée, soit porteur d’eau dans le camp, soit employé à la cuisine, bref un serviteur. Le mot trotterius signifie un coureur. Doué d’habileté, d’audace et d’intelligence, Aiguesvives s’était attaché à la personne du Seigneur de Lodève et y avait fait sa fortune, au point d’usurper même le titre de Lodève.

Il s’était marié à Servian avec la fille d’un Albigeois faidit, c’est-à-dire désigné comme hérétique relaps ; donc, devant perdre ses biens. Il parait que par des influences en cour de Rome, il se serait fait délivrer un brevet d’orthodoxie et avait pu recouvrer les biens de son beau-père, valant alors 2.000 livres. Grâce, sans doute, à l’influence de Guillaume de Lodève, il s’était fait nommer tenancier du domaine royal de Servian : quia accepit gagia vestra sive dena-