Page:Boursault - Théâtre, tome troisième, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/528

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Le plus jeune de vous a quatre-vingt-dix ans ;
» Et vous avez eu tout ce temps
» Pour penser à la mort, sans y donner une heure.
» Vieux, cassé, décrepit, la mort vient & vous prend :
» Après un terme si grand
» Est-il étonnant qu’on meure ?
» Dans le moment que la mort vous surprit,
» Une vetille, un rien occupoit votre esprit ;
» Vous aviez l’œil à tout jusqu’à la moindre rente :
» Et vous faisiez, quant au surplus,
» L’affaire la moins importante
» De celle qui l’étoit le plus.
» Allez pour jamais, misérable,
» Pleurer d’un temps si cher l’usage si fatal. »
Ne m’avouerez-vous pas que pour un jeune Diable
Il ne raisonnoit pas trop mal ?


Examinons un peu vous & moi quel usage
Vous avez fait du temps pendant un si grand âge.