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Enfin après beaucoup d’Eclairs,
Le Figuier malheureux fut frappé du Tonnerre.
Les Oiseaux, effrayés d’entendre un si grand bruit,
Dans le Hameau prochain vont chercher un asyle :
Et l’orage passé, chacun d’eux s’entresuit,
Pour venir habiter son premier domicile.
Mais l’Arbre qui pour eux avait eu tant d’appas,
Accablé sous le faix d’une telle disgrace,
Avoit si fort changé de face
Qu’on ne le reconnoissoit pas.
Les premiers qui le reconnurent
Furent un Milan, un Autour,
Qui l’insultérent tour à tour ;
Et pour ne le point voir à l’instant disparurent.
« Suivez-nous, & vous ferez bien, »
Dirent-ils aux Oiseaux qu’ils crurent pitoyables.
« Ce figuier, désormais au rang des misérables,
» Ne peut plus nous servir à rien. »
« Pour moi, dit une Tourterelle, »
Connue aux environs pour un Oiseau d’honneur,
« Je prétens partager sa fortune cruelle,