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Qui ne veut point d’un bien quand il le peut avoir,
Ne l’a pas quand il veut, comme vous allez voir.

LE HERON ET LES POISSONS.
FABLE.

Il me semble avoir lû dans beaucoup de Volumes
Que lorsqu’on veut trop prendre, on est soi-même pris.
Un Héron glorieux de voir que de ses plumes
On faisoit pour les Rois des aigrettes de prix,
Ne trouvoit dans les eaux, hors la Perche & la Truite
Aucun autre mets qui lui plût ;
Brochet, Carpe, Tanche, & la suite,
Étoient pour son gosier des Poissons de rebut.
Un jour d’Eté dès les quatre heures
Que le poisson rentre en ses trous,
Les plus jolis Brochets, les Carpes les meilleures,
À sa discrétion se livroient presque tous ;
Mais ce n’est pas là ce qu’il cherche :
N’ayant pas si matin l’appétit bien ouvert,
Et ne voyant Truite ni Perche,