Page:Boursault - Théâtre, tome troisième, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Donnez-nous à chacune un nom de Seigneurie :
Je ne vois que vous seul de gens de qualité
Prendre si peu de soin de sa postérité.
Monsieur Coquerico, Marchand de Savonnettes,
Devenu gentilhomme aussi-bien que vous l’êtes,
N’a pas un de ses fils qui n’ait un nom nouveau,
Soit le nom de quelque Arbre ou de quelque Ruisseau :
Pour faire ses enfants nobles, en bonne forme,
L’un est Monsieur du Rus, l’autre Monsieur de l’Orme ;
Et comme le plus jeune a le dos tout courbé,
Sûr qu’il n’est bon à rien il en fait un Abbé.
S’il avoit comme vous une fille bien faite
Lui feroit-il l’affront de l’appeler Nannette ?

Mons. JOSSE.

Vous me citez, vraiment, un plaisant animal !

NANNETTE.

Est-ce vous offenser, que citer votre égal,
Monsieur !

Mons. JOSSE.

Monsieur ! Je vous ai dit, & vous le réitère,
Que vous m’appellassiez simplement votre pere ;
A moins que votre mere en secret, & tout bas,
Ne vous ai fait sçavoir que je ne le suis pas.