Page:Boursault - Théâtre, tome troisième, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/161

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Voulez-vous, en rendant votre femme si noire,
Vous-même troubler l’eau que vous avez à boire ;
Et quand vous serez Sot, à la face de tous,
Etre encor trop heureux de la revoir chez vous ?
Est-ce peu pour un Sot de la douleur de l’être ?
Quelle démangeaison de le vouloir paroître !

Mons. JOSSE.

Hé qui, de bonne foi, croyez-vous le moins Sot,
D’un Sot qui l’est assez pour n’en dire aucun mot,
Ou d’un qui se déméne, & qui donne à connoître
Qu’il fait tout ce qu’il peut pour s’empêcher de l’être ?
Je veux, si je le suis, le dire à haute voix ;
Et ne pas ressembler à tous ceux que je vois,
Qui par un mercenaire & coupable silence
Avec leurs Substituts semblent d’intelligence.
Vous avez, pour ma plainte, eu quatre louis d’or ;
Je prétens par la suite en user mieux encor :
Je sçai combien d’argent vous coûte votre Office :
Et comment aujourd’hui s’éxerce la Justice ;
On ne la connoît plus que par son attirail ;
Et qui l’achéte en gros, la revend en détail.
N’importe ce qu’il coûte à venger cet outrage.

Mons. GRIFFET.

Mais si, par cas fortuit, votre femme étoit sage ?