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dire comme ce Prince à qui l’Arioste dédia ses œuvres : Dove, diavolo, hai radunato tante coionarie ? Pour mettre dans leur jour toutes les extravagances de la Mode, & toute l’impertinence des faux Nobles, j’ai été contraint de faire tant de caractéres ridicules, que le mien, peut-être, n’est pas celui qui l’aura été le moins. Je m’en console, puisque vous y avez pris du plaisir ; & je mets au nombre de mes bonnes aventures celle d’avoir diverti quelques momens un aussi galant homme que vous l’êtes, qui n’est étranger en aucun endroit qu’il aille, & qui sçait la délicatesse de toutes les langues de l’Europe, comme s’il étoit né dans toutes les Cours ou il s’est trouvé. Celle de France où l’on peut dire que cette délicatesse régne plus souverainement que dans aucune autre, a été surprise de vous entendre parler un langage avec plus de politesse que beaucoup de ceux qui la composent : & sans les interêts dont votre Sérénissime République se repose sur votre capacité, & que vous soûtenez avec autant de fidélité que d’intelligence, le Roy même, qui jamais ne se méprend, vous eût pris pour un de ses Sujets. Je ne sçai, MONSIEUR, de quel œil une personne qui arrange ses mots avec une si grande justesse, en verra ici de si bizarre-