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C'est celle de Pison ; du mari de Plancine ; Et si dans ce moment je ne t'eusse attaqué, Mon frère te cherchait qui ne t'eût pas manqué. De César, qui te hait, devenu le complice, Je lui fais avec joie un si grand sacrifice. Meurs. À ces mots le lâche, assisté de Rufus, Croyant au lieu de moi perdre Germanicus, Me relève de terre ; et de l'indigne épée Que d'un sang plus illustre il voulait voir trempée, Résolu d'assouvir sa coupable fureur, Me perce en tant d'endroits, sans toucher à mon coeur, Qu'il semble que le sort en souffrant ma ruine, Ait voulu respecter l'image d'Agrippine ; Et me donner le temps d'implorer sa bonté, Pour avoir le pardon de ma témérité. Apprends-lui, cher Albin, qu'il m'eût été facile De prolonger le cours d'une vie inutile, Et de me garantir d'un si funeste sort ; Si l'aveu de mes feux n'eût mérité la mort. De ses justes mépris me voyant la victime, Un trépas immortel éternisait mon crime : Ne pouvant de ma flamme interrompre le cours Je mourrais à toute heure, et l'adorais toujours. Puisqu'à Germanicus j'ai conservé la vie, D'un bonheur assez grand ma disgrâce est suivie : Ils sont nez l'un pour l'autre, et mes sincères voeux... Adieu. Le juste Ciel puisse les rendre heureux. Ce souhait achevé d'un soupir tout de flamme, Il prépare avec joie un passage à son âme ; Et sûr qu'en vous servant il va perdre le jour, Prend les traits de la mort pour des traits de l'amour.

Agripine

Cher Pison, qui m'aimais d'une amitié si pure, Pardonne à mon orgueil ce qu'il t'a fait d'injure ;