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Il fait place à la nuit, qu'une main criminelle Au premier des humains allait rendre éternelle, Si Pison, toujours prêt à faire son devoir, De la part de Drusus ne l'était venu voir, Pour lui dire en secret que César par envie Armait des assassins pour attaquer sa vie : Et pour tout rendre aisé dans l'horreur de la nuit, Qu'il devait le mander sans escorte, et sans bruit. De peur d'être accusé d'avoir trahi Tibère, Il se retire ensuite, et défend qu'on l'éclaire. À peine est-il sorti qu'un grand bruit nous surprend : Sans en être effrayé Germanicus l'entend : Sensible à ma prière, avant que de paraître Il me permet de voir quel sujet le fait naître ; Et Pison, dont le sang criait vengeance aux Dieux, Est le premier objet qui m'a frappé les yeux.

Agripine

Que je le plains, Albin, et que son sort me touche !

Albin

Je me suis à l'instant approché de sa bouche. Son coeur prêt d'expirer luttait contre la mort : Cependant à ma voix il m'a connu d'abord. Si pour Germanicus ta passion est forte, De son Appartement empêche qu'il ne sorte, M'a-t-il dit. C'est à lui qu'en voulait l'assassin Qui par un crime horrible a fini mon destin. De la main de mon frère... À ce mot il soupire ; Et durant quelque temps demeure sans rien dire. À la fin, quoique faible, il élève sa voix ; Et faisant un effort pour la dernière fois : Mon frère, poursuit-il, à la gloire insensible, A pour Germanicus une haine invincible : Et m'ayant vu sortir de son Appartement, Après m'avoir dans l'ombre atteint mortellement, Reconnais, m'a-t-il dit, la main qui t'assassine :