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Mes souhaits sont remplis : mon Amant est sauvé. Ciel, qui m'as écoutée, et qui loin de l'orage As mis en sûreté ton plus parfait ouvrage, Aux dépends de ma vie achève ton bonheur : Ainsi que de ses yeux bannis moi de son coeur. Hélas ! si sa tendresse est égale à la mienne, Suivi de son amour, que crois-tu qu'il devienne ? Par les maux que je sens je comprends ses douleurs. Il en mourra. Qu'il vive, et qu'il s'engage ailleurs. Que d'un plus digne objet son âme possédée De mes faibles appas lui dérobe l'idée : Voila quels sont mes voeux : et pour être exaucez Dieux ! à qui je les faits ils me coûtent assez. Tout grand qu'est mon malheur, il n'est pas sans remède, Flavie ; un peu de joie à ma douleur succède : Tu n'as point vu Pison ; mon coeur est rassuré : Avec Germanicus Pison s'est retiré. Soit qu'il ait redouté la fureur de Tibère, Soit que son zèle ardent n'ait songé à me plaire ; De ce Prince sans doute il a suivi les pas.

Flavie

Je voudrais qu'il fût vrai, mais je ne le crois pas. Si j'ose m'expliquer, mon erreur est extrême, Ou bien Germanicus n'est point party lui-même. Le soupçonner de fuir, c'était lui faire tort, Madame, il vous adore, et ne craint point la mort. S'il vous eût obéie, il eût trahi sa flamme.

Agripine

Ne me déguise rien. L'as-tu vu ?

Flavie

Non, Madame. Mais Albin est à Rome, et je l'ai rencontré. Aussitôt qu'à mes yeux le hasard l'a montré, De l'ordre que j'avais je me suis souvenue. Il s'en est peu fallu qu'il ne m'ait méconnue : À la fin l'âme émue, et le coeur interdit,